Les Magasins Réunis, souvenirs de l'essor des « grands magasins »

Focus

Mise à jour le 19/07/2023

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Une coupole qui domine l’angle de l’avenue des Ternes-Niel, une façade au style industriel mais aux mosaïques dorées affichant fièrement « Magasins Réunis Étoile » : vous avez reconnu l’emblématique bâtiment du quartier des Ternes aujourd’hui occupé par la Fnac. Construit en 1912, il a conservé toute sa modernité et sa splendeur.
C’est le symbole d’une époque, celle du succès des « grands magasins », ces commerces qui proposaient pour la première fois des produits à coûts plus abordables, présentés par rayons thématiques - articles de mode, bijoux, jouets, objets d’art, mobilier - dans de nouveaux bâtiments conçus à cet effet… C’est en 1912 qu’est érigé l’immeuble de l’avenue Niel, à la demande de M. Boisselat qui remplaçait ainsi les baraques qui abritaient les commerces à rayons multiples qu’il avait fondés à la fin du XIXe siècle « L’Économie ménagère ». Les travaux sont alors confiés à l’architecte réputé Marcel Oudin.
À l’image des autres grands magasins, il choisit les standards de l'époque qui affichent le luxe promis dans ces nouveaux commerces : marquise, ces larges auvents vitrés qui protègent à l’entrée des magasins, grandes baies vitrées, vaste hall et coupole d'angle, de style Art déco. Mais il se distingue surtout en étant le premier architecte à utiliser le béton armé pour ce type de bâtiment commercial, tout en y ajoutant un revêtement en grès pour le protéger de la corrosion, et des mosaïques, aujourd’hui disparues, pour orner la façade.
En 1914, Eugène Corbin rachète le magasin qu’il va faire prospérer et le rebaptise « Magasins Réunis », du nom de l’entreprise familiale fondée par son père Antoine Gorbin, à Nancy, en 1867. Le succès des Magasins Réunis avait débuté avec l’ouverture d’un premier commerce près de la gare lorraine, jusqu’à constituer en 1890 un ensemble baptisé « Magasins Réunis », nom emprunté à un grand magasin parisien de la place de la République.

Apogée de l’Art nouveau

Les Magasins Réunis s’étaient implantés dans plusieurs villes du Grand Est avant de conquérir Paris au début du XXe siècle : Eugène Corbin rachète les Magasins Réunis place de la République, réaménagés par un certain Marcel Oudin, le Grand Bazar de la rue de Rennes, et bien sûr l’Économie ménagère avenue des Ternes dans le 17e arrondissement.
À l’image de ses magasins lorrains, Eugène Corbin sollicite les meilleurs artisans et artistes de l’École de Nancy fer de lance de l’Art nouveau en France, et dont il est un mécène engagé. Il confie notamment la décoration au maître-verrier et ébéniste Jacques Grüber, l’un des fondateurs de l’École de Nancy, qui conçoit en 1924 pour ces « Magasins Réunis Étoile » de magnifiques vitraux floraux et des vitrines de présentation d’objets d’art. Les vitraux sont toujours visibles au 3e étage du magasin et sous la coupole du 4e étage, Jacques Grüber a également réalisé les vitraux de la grande coupole des Galeries Lafayette. En revanche, un des deux dômes d’angle d’origine, en ciment en forme d’obus, a été détruit et remplacé par un étage supplémentaire et l’autre doté d’un nouveau dôme recouvert d’ardoises.
Avec la crise des années 1970 et face au développement de la grande distribution, les Magasins Réunis s’affilient aux Grands Magasins du Printemps en 1980. Et trois ans plus tard, l’enseigne « Magasins Réunis » disparaît, la majorité des bâtiments sont soit vendus, soit transformés en Fnac comme celui de l’Étoile. Entre 1991 et 1992, des travaux de restauration ont été menés par le cabinet d’architectes Dangréaux et Péron, qui ont reconstitué à l’identique une partie des vitraux pour la façade du 24, avenue Niel.

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