Il était une voie
Focus
Mise à jour le 07/10/2024
Sommaire
Du pont-levis à la rue de Levis
Plongée au cœur de cette artère piétonne et commerçante de la Plaine Monceau où bat le cœur d’un 17e authentique.
Emprunter la rue de Lévis, c’est être plongé dans une ambiance de village, conviviale et familiale. Les effluves des étals de fruits et légumes se mélangent aux parfums émanant des fleuristes, tandis que les commerces de thé, fromageries, boucheries, épiceries fines, pâtisseries et les boutiques rivalisent de leurs plus beaux atouts pour attirer le chaland. Prendre un verre en terrasse pour observer le spectacle de la rue est même devenu une tradition locale.
Difficile d’imaginer qu’au bout de cette rue, l’une des préférées des habitants de la Plaine Monceau, trônait un château médiéval dont l'entrée était située place de Lévis. Sa disparition durant le Second Empire et les grands travaux d’urbanisme de la fin du 19e siècle ont terminé de transformer ce chemin de campagne en une rue piétonne où les petites histoires se racontent comme autant d’anecdotes inépuisables.
L’Astrée, la librairie préférée d’Amélie Nothomb
Au numéro 8, à l’abris des regards, se dressent sur les vestiges de la « Salle de la réunion », une ancienne salle de bal qui vit défiler des orateurs de renom, les bâtiments industriels de l’ancienne usine de torréfaction des Cafés Patin construite en 1885.
Plus récemment, au numéro 69, l’Astrée, la librairie préférée d’Amélie Nothomb, vient de baisser rideau sur sa devanture art déco des années 70 après un long chapitre de cinquante ans. Ses
propriétaires, Michèle et Alain, sont même devenus les personnages d’un de ses romans. Chaleureux, passionnants et originaux, ils sont à l’image de la rue de Lévis.
Un monde en soi qui obéit à son propre rythme, aux antipodes de la frénésie des grands boulevards parisiens.
Partez à la découverte de la Rue de Lévis
« La rue de Lévis au fil du temps »
Editions Histoire&Patrimoine de Paris 17e »
En vente en librairie
Au Bonheur des livres, 52 rue des Dames
Librairie Fontaine, 48 rue de Lévis
Ars Una, 126 boulevard Malesherbes
La Procure Saint-François-de-Sales, 5 rue Brémontier
Librairie des Batignolles, 48 rue des Moines
« Paris XVII Ô Batignolles », 2023
Et « Paris XVII Monceau », 2020
Par Danièle Rousseau Aicardi
Editions Magellan & Cie
Disponible à la vente
La Cité des Fleurs, un parfum de tranquillité
Dans le quartier des Epinettes, cette voie privée de 320 mètres qui relie la rue Guy Môquet à la rue de la Jonquière est un havre de paix traversé par l’Histoire et les styles architecturaux.
Elles sont deux sœurs jumelles, nées sous le signe des Gémeaux… à la Cité des Fleurs, auraient-pu chanter Catherine Deneuve et sa sœur Françoise Dorléac, qui ont vu le jour dans ce cocon protégé du 17e arrondissement.
Un siècle avant les Demoiselles de Rochefort (1966), la révolution industrielle, personnifiée par la figure locale Ernest Gouïn, pionnier du réseau ferroviaire et fondateur de la Société de construction des Batignolles, voit fleurir sur la terre agricole des Epinettes les immeubles haussmanniens, en même temps que les bals et les cabarets où se côtoient petits bourgeois et ouvriers.
Harmonie de l’architecture et de la nature
Au milieu de la rumeur populaire, la Cité des Fleurs respire la tranquillité provinciale. Les hôtels particuliers mangés par le lierre et la vigne vierge sont la manifestation d’une nature qui s’épanouit en toute liberté. Enfin presque… Une convention, en vigueur depuis la création de la Cité des Fleurs en 1847, impose des règles strictes à chaque habitant afin de respecter les préceptes esthétiques du lieu : trois arbres à fleurs dans chaque jardin, alignement obligatoire des façades, les grilles de clôture toujours placés en vis-à-vis de part et d’autre de la voie et un pilastre surmonté d’un vase Médicis orné d’une variété florale spécifique.
La Gestapo au tapis
La quiétude de la Cité des Fleurs fut perturbée le 18 mai 1944 lorsque la Gestapo fit une descente au numéro 25, au quartier général de l’organisation Plutus, le plus important réseau clandestin de faux-papiers pendant l’Occupation.
En joug et à plat ventre, les membres du réseau firent valser un soldat allemand en tirant le tapis d’un coup sec.
Scarlett, membre du réseau, sauta sur l’ennemi, lui mit deux doigts dans les narines et lui arracha le nez !
Tous furent finalement maitrisés, arrêtés, et déportés.
80 ans plus tard, le temps reste invariablement suspendu pour le promeneur venu chercher un peu de paix au cœur, à la Cité des Fleurs.
La Cité des Fleurs
Accès : 2 rue Guy Möquet et 59 rue de la Jonquière
Ouvert du lundi au samedi de 7h à 19h et le dimanche de 7h à 13h.
Passage Geffroy-Didelot, la parenthèse enchantée
Entre le boulevard des Batignolles et la rue des Dames, une voie colorée et pittoresque offre au passant une expérience sensorielle et mystérieuse.
C’est une échappatoire inattendue depuis le boulevard des Batignolles, une drôle de ruelle pavée qui suscite instantanément la curiosité du passant, attiré par sa perspective multicolore. Les devantures d’un autre temps, parfaitement conservées, laissent flotter, en même temps que les fanions claquant au-dessus des têtes, un certain mystère. On se laisse à imaginer que les fantômes du blanchisseur et du tailleur pour dames sont encore en train de travailler.
A leur place, les boutiques dédiées aux arts côtoient les ateliers créatifs, cours de peinture et de dessins. « C’est un lieu propice à la création grâce au silence qui y règne mais son aussi son dynamisme. Ici, il n’y a que des travailleurs passionnés et surtout modestes » confie Dominique, peintre installée dans le passage depuis dix ans, qui n’échangerait sa place pour rien au monde.
Marchand de vin, restaurant, brasserie, table d’hôtes, les commerces de bouche y ont trouvé aussi une place de choix. Il est de tradition, après une représentation au Théâtre Hebertot situé à quelques encablures, d’aller au « Bistrot du Passage » déguster la fameuse entrecôte maturée, sauce béarnaise, haricots verts et pommes sautées.
La ruelle ouverte en 1843 par Geffroy, un entrepreneur, et Didelot, le propriétaire du terrain, conserve son âme villageoise. Tant que les fanions, cadeaux de l’ancien établissement « Abeille drapeaux », spécialiste des étendards, continueront de flotter, battre son pavé est un voyage. A coup sûr, vous n’y serez pas que de passage.
La promenade Pereire : Une évasion bucolique au cœur du 17ème
Nommée en l’honneur des frères Pereire, banquiers et parlementaires du XIXème siècle, la Promenade Pereire offre à ses visiteurs une découverte bucolique du 17ème, de la porte Maillot aux Batignolles.
C’est un voyage insoupçonné dans lequel s’engagent les curieux sur la promenade Pereire. Le chemin, drapé de plantes vivaces et de terre de bruyère, invite le promeneur dans un îlot de verdure au cœur du 17e arrondissement. Un jardin enchanté.
Réalisée en 1889, la promenade rend hommage aux frères Émile et Isaac Pereire, entrepreneurs et financiers qui contribuèrent au développement des chemins de fer, avec la création de la ligne d’Auteuil, et à l’urbanisation de la Plaine Monceau durent le Second Empire. Recouvrant les voies ferrées de l’ancienne ligne de la Petite Ceinture, elle traverse la Plaine Monceau et ses splendides hôtels particuliers, avant de terminer sa trajectoire au quartier des Batignolles avec son ambiance de village.
Sa perspective rectiligne à l’horizon lointain, émaillé d’espaces tantôt clos, tantôt ouverts, de petits kiosques, d’aires de jeux, par endroit abrité par des tunnels fleuris, abritent les sculptures en bronze réalisées par Boris Lejeune au moment de l’ouverture en 1990.
Une promenade de printemps
Une partie de cette étendue atypique est abritée sous les toits de roses et plantes grimpantes, blottissant les visiteurs dans un cocon loin de l’agitation urbaine. Au cœur des massifs de rosiers se cache le plus précieux joyau, la Rose de Ronsard, avec ses reflets roses et blancs et son parfum enivrant qui embaume l’air ambiant.
Le long d’une allée bordée d’arbres, la promenade Pereire insuffle ainsi une précieuse atmosphère de sérénité, semblant figer le cours du temps dans son élan.
Une échappatoire idéale pour une promenade de printemps, à l’abris du tumulte de la capitale.
L'impasse Deligny vaut le détour
Un voyageur émérite pensant connaître chaque recoin du 17e sera surpris par sa balade au cœur du quartier des Épinettes qui maintient en son sein un secret bien gardé : l’impasse Deligny, nommée en l’honneur de son ancien propriétaire.
L’impasse Deligny fait partie de ces lieux insolites de l’arrondissement, microcosme de verdure niché au sein d’un espace urbain en pleine effervescence. En se baladant entre la rue des Épinettes et la rue Pouchet, aucun détail ne laisse deviner ce mystérieux îlot de verdure.
Quelque peu décontenancé par cette découverte, on tombe rapidement sous son charme. Bordée de plantes, pots fleuris et arbres verdoyants, l’impasse Deligny nous transporte hors du 17e, pour se plonger dans l’atmosphère bucolique d’une rue champêtre.
« C’est beau, c’est calme et puis on a gagné 2 degrés ! »
Bertrand, habitant
L’impasse est le fruit de la créativité de ses habitants, qui ont su s’approprier un espace sous-estimé par beaucoup. Bertrand, résident depuis 30 ans, a transformé cette voie initialement dévolue aux voitures. Ce qui n'était au départ qu'une initiative modeste, avec une dizaine de pots, est aujourd'hui devenu un véritable poumon vert, avec plus d’une centaine de pots disséminés.
« Progressivement, l’impasse est devenue plus connue, les gens s’y intéressent. Même les habitants de la rue adjacente m’ont demandé comment j’avais fait, si j’ai eu des autorisations. Et maintenant eux aussi ont commencé à mettre des pots ».
Le passage Pouchet, rue adjacente à l’impasse Deligny, s’est lui-même laissé emporter par cette vague de végétalisation, en installant de nombreux pots sur les pavés de l’allée.
Vivre dans l’impasse Deligny, c’est donc rejoindre un jardin partagé où l’esprit de communauté règne en maître. Les passants prennent également plaisir à flâner dans ce havre de fraîcheur et de silence. Cette drôle de voie « a un charme si particulier, qu’on ne se lasse pas d’y revenir » confie Marie, une visiteuse.
Cette échappatoire montre ainsi l’ingéniosité des habitants du 17e, qui refusent d’être entravés par les limites urbaines. Au contraire, déambuler sur les pavés de l’impasse Deligny est un rappel, s’il en fallait un, de la convivialité et de l’inventivité qui caractérisent l’arrondissement.
Crédit photo Noémie Cedille https://www.instagram.com/cedillee